Le crime dans les relations internationales (1945-2012)

Le Crime a connu une évolution normative sur le plan international, tant au niveau de son interprétation que de son traitement. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les guerres et leurs souffrances sont désormais reconnues comme la conséquence de fautes individuelles, susceptibles d'être poursuivies directement par la communauté internationale. Cependant, l'expérience des juridictions criminelles internationales a montré que le vainqueur de la guerre est le seul à établir et imposer les priorités et les logiques dans les poursuites. Les acteurs politiques impliqués placent les marchandages diplomatiques, les intérêts politiques et géostratégiques avant les considérations liées à la justice pénale. Ainsi, malgré sa formalisation au plan international, l'interprétation et le traitement du crime sont tributaires des rapports de force et des politiques juridiques des grandes puissances et des Etats intéressés. L'impunité quasi générale des crimes de guerre, contre l'humanité, de génocide et d'agression est à juste titre ressentie de plus en plus intolérable par la grande majorité de l'opinion publique mondiale. Si des poursuites ont été engagées contre certains responsables de ces crimes lors de certains conflits, on ne peut que constater à l'inverse l'impunité totale dont continuent de bénéficier les Etats puissants. Cette conjoncture conduit le plus souvent, à l'interventionnisme excessif, si la superpuissance ne peut pas s'appuyer sur des « délégués » ou bien à l'inaction frustrante, si elle refuse d'honorer ses obligations. Le crime est par conséquent utilisé comme une arme politique, en vue de satisfaire les intérêts de ceux qui tendent à légitimer I' « intervention armée ou humanitaire», la « guerre préventive ou la guerre juste ».