Le testament

Dieu qui n'a point de main gauche Ne tient guère la clé du cauchemar Et ne touche à rien qui ne soit utile aux hommes

Ces lianes en guirlandes que tu vois Poussées aux pieds de ces fiers iroko Bien qu'elles soient de beaux colliers qui les parent

Ne manquent de servir de voies aux parasites Qui l'empruntent joyeux jusqu'à leur cime A la conquête effrénée du bonheur perdu Quelquefois

Quand il fait grand jour

Sous les dards impétueux des rayons du soleil C'est grâce à ces lianes diffamées et piétinées

Que la forêt qui nous épate de sa verdure

Vantée et sacralisée

Garde obstinément aux yeux du monde Sa densité et son exubérance

Eh toi !

Toi, pauvre bohémien à la gueule ordurière Qui erre baveux à l'ombre salvatrice de ces iroko Jouant éhonté au valet du roi

Garde - toi de les saigner de tes dures serres Au risque d'être le pêcheur des causes perdues Qui ne découvre la félicité de ces lianes

Qu'après les avoir brûlées et vouées aux enfers