Mémoire de prisonnier de l'émergence

...Nous sommes invités à l'administration de la Maca, pour une autre identification par les empreintes biologiques. Nous nous mettons à rêver que le juge d'instruction nous recevra bientôt. Peine perdue! C'est la police scientifique qui nous attend. Cette séance est la plus humiliante, la plus dégradante pour des détenus politiques. Les séances photos se font ardoise en mains, les noms et prénoms tracés à la chaux, blanc sur noir. Nous devons tenir l'ardoise, collée à la poitrine et fixer l'objectif. Je porte un boubou sans manches. La barbe que je garde a blanchi. Comme de véritables malfrats, des bandits de grands chemins, nous regardons à tour de rôle l'appareil-photo, sans comprendre. << C'est fini, vous pouvez rentrer, nous lance l'agent de la police scientifique ». L'un des nôtres, dit, sanglotant : << Si nous parvenons au pouvoir, je supplierai le président Guillaume Kigbafori Soro, pour qu'il n'inflige pas un tel traitement, une telle humiliation, à ses opposants politiques. >>